Dans la tête de la réflexiothécaire

Ce soir, j'écrirai sans brouillon. Sans plan. Sans préparation. De toute façon, écrire c'est pas bien compliqué puisque j'écris comme je parle.

Il y a un peu plus de 10 ans, j'avais un petit groupe de lecteurs, je m'étais rebaptisée A****. J'erais de bords de seine en soirées parisiennes en attendant de rencontrer un homme qui se pencherait sur mon désert affectif. J'avais du mordant, je croquais la vie et les autres avec des sourires pleins de dents.  Je me sentais exister et ça créait des petites jalousies, on venait me cirer les pompes ou cracher son venin. Je n'avais pas honte d'être qui j'étais jusqu'à ce que je comprenne que ma muse intérieure m'avait échappé : j'avais commencé à écrire pour me connaître, j'avais fini par produire pour être aimée. C'était le début de la fin de l'histoire entre les touches et moi. Le dé-clic, je réfléchissais des jours à une formule, j'hésitais à la moindre virgule. Certes, je faisais de moins en moins de fautes. Mais la manie de peser chaque mot devenait un travail à la chaîne. J'ai quitté "le club des metteurs de 1" comme je les appelais, j'ai arrêté de me faire lire, mais pas de me faire aimer, car il y eu un mâle pour un bien. J'ai rencontré l'amour.

Alors voilà, il y a 3 ans environ, j'ouvrais la porte une nouvelle fois, mais j'avais bien choisi le cahier et le sujet. Interdit de s'en éloigner. Le buvard bien calé pour ne pas dépasser : fini le pseudonyme, il fallait assumer. Et depuis quelques jours, un à un, je supprime les articles de mon ancien blog, comme on quitte un logement. Comme on range dans des cartons des objets en se remémorant pour chacun, une anecdote. Le plus difficile c'est d'enterrer les commentaires de certaines de mes lectrices. Je fais le ménage dans cette partie de ma vie et j'ai du mal à investir ma nouvelle maison, la refléxiothèque. J'ai peur de refaire les mêmes erreurs, d'enfiler des costumes qui m'iraient trop grands.

Alors, un peu comme lorsque je déménage, j'ai commencé par les travaux avant de poser mes valises. J'ai bien essayé de suivre les plans de réflexions pré-pensées pour tout bon bloggeur qui se respecte (et se cherche surtout). J'ai questionné le "pourquoi", tout de suite après le "pour qui". J'ai bien travaillé la forme, j'ai prévu des classements, j'ai dessiné ce logo "arbre-cerveau" en croisant les doigts pour ne pas m'en lasser trop tôt. J'ai trituré du champ lexical, du mot-clé et du référencement. Bien,  bien, bien... tout ça c'est fait.

Et aujourd'hui, voici venu le temps de déballer les cartons. Je m'étais promis un tas de choses : ne pas avoir peur, montrer plus de moi-même, ne me limiter en rien, aborder ci et ça. Les pages de mon carnet regorge des idées de nouveaux projets que j'ai presque chaque semaine.

Réflexio Mama

Reflexio mamaJe veux qu'on y trouve des chroniques, peut-être même des "gens", des contenus intéressants sur la parentalité, la communication et les relations. Je voudrais qu'on y trouve aussi des livres pour enfants avec du coffre et des valeurs en dedans. Je parlerais peut-être de ma "documentation", les études, celles dont j'aime parcourir les lignes et qui paraissent souvent obscures, comme un vieux grimoire dont on ne maitrise les formules qu'après des années de lecture. Réflexio mama, ce sera la partie "vulgarisation" de ce quotidien de mère qui n'a rien d'extraordinaire, mais qui me questionne, me pousse à dépasser mes croyances et héritages. Tout le monde n'ouvre pas un livre pour apprendre son enfant, c'est pourtant ce que je fais depuis ... bien avant sa naissance.

Ça ne me donne aucune compétence exceptionnelle, ça ne m'octroie aucun droit de donner des conseils, ça ne fait pas de moi une mère parfaite. Je peux tout juste partager mes références. Je ne suis pas un modèle, mais il y a quand même quelque chose que j'ai appris. J'ai appris comment chercher et à remettre en question tout ce qui me passait devant les yeux et inondait mes oreilles : Les techniques "à l'ancienne", les penseurs télégéniques, les éducateurs sans compétences, les jugements des caissières et des dames dans les salles d'attente, les recettes de grand-mère. Mais aussi, les photos travaillées de familles irréelles, les méthodes "clé en main", les paradoxes cachés dans les messages véhiculés sous couvert de bienveillance, les verbiages neuro-psy (et pourtant, ... que je suis friande de tout ça, le fonctionnement du cerveau c'est un peu mon dada).

Pas facile de se tailler un costume de maman quand on ne veut fréquenter aucun cours de couture. J'y vais sans patron, parfois au feeling, si je doute, j'actualise, en cherchant prioritairement du côté des sciences (cognitives, ou humaines) et je reprends l'ouvrage, avec un peu plus de concentration. Parfois, je me plante, le projet est remis sur la table. J'ai envie de tout déchirer mais je repique, je raccommode et ça reprend forme.

Pas facile d'avancer sans idole, sans maître, sans guide. Pas simple non plus d'être spécialiste en rien et amateur en tout. Aujourd'hui, quand je rencontre de nouvelles personnes, j'ai toujours cette peur qu'on me déteste si je dis ce que je bricole ou bouquine. Je pourrais donner l'image d'une "Je sais tout" alors que je ne suis qu'un imposteur, je ne fais que "toucher à tout" avec plus ou moins de réussite. C'est juste que je pars du principe qu'à peu près tout s'apprend, alors j'essaye et au mieux, je découvre quelque chose d'exaltant. J'ai toujours pensé que les artistes par exemple, avait juste ce truc de "FAIRE", du coup, moi j'essaye juste de tout faire.

Pas facile de remettre toujours tout en question, de ne pas réussir à plonger corps et âme dans les mouvements, de ne faire partie d'aucun club (bon si, y'en a bien un, mais c'est un secret). Oh, je vous vois venir, je suis pas en train de me vanter d'être marginale. Oh non. Je roule des yeux devant le déballage de vocabulaire de ceux qui se disent à la marge. J'ai été une ado rebelle, ça m'est passé, j'ai toujours souri en douce devant les gens qui se définissent comme atypiques, parce que je tiens jamais sur la distance quand il s'agit de se croire "différemment mieux" que les autres. Y'a toujours ma caboche qui me rappelle au désordre, à la quête dans tous les sens. J'aimerais bien parler de ça un jour aussi. Comment on avance dans la vie quand on ne croit ni au monde, ni aux valeurs qu'on érige en dogme, ni à la loi de l'attraction ni à la méditation pour tous.

Au fond de mes rayons, j'aimerais qu'on trouve un jour une sorte d'arrière boutique, un club de lectrices un peu plus impliquées que les autres. Prêtes à se lancer dans des expériences et à échanger. Il me faudra venir à bout de mes doutes encore présents : légitimité, capacité à motiver et créer le lien, reconnaissance d'une valeur à ce que je proposerai. 


Capsule de Réflexio

Capsule de reflexioJe veux y classer les idées que j'ai sur le monde, un recueil de pensées consultables sur place, qu'on ne peut emprunter. Un genre de vieux coin pleins d'archives, pas forcément bien classées. Des typologies, des billets d'humour. Avec l'envie d'entendre des voix en écho, qui, fouillant mes brouillons et feuillets volants, soupirent, rient de ce qu'elles y dénichent. Un angle où parler sans que ça résonne partout dans les autres allées. Une bédéthèque où je pourrais griffonner des bêtises indignes d'être publiées. Une photothèque pour les clichés que je prends par centaines et que je vole à la vie pour les regarder de plus près. Capsule de Réflexio,comme on parlerait d'un ingrédient de pause café, instantané, sans filtre.

 


Réflexio Fa'Mili

Reflexio fa miliJe veux garder une trace de tout ce que j'ai écrit sur les familles de militaire. Un centre de ressources en libre service, pour celles qui dans cet univers un peu à part, cherchent autre chose que des photos tristes et des récits anecdotiques. Je veux montrer que derrière "la femme de" il y a tout un roman, pas souvent à l'eau de rose, mais qu'on peut décorer d'enluminures si on prend le temps de l'écrire.

Je veux aussi faire une place à ma vocation, l'accompagnement des personnes et des parcours et offrir ce que pour quoi j'ai travaillé pendant des mois : un outil de soutien et une approche de nos vies de familles, qui nous aide à décoder et gérer au mieux notre quotidien. J'ai cru  que j'allais pouvoir lire à haute voix ce que j'ai rassemblé, devant nos familles. A défaut, il vous faudra prendre le temps pour vous, pour lire et peut-être trouver une page qui vous parle. J'aimerais un jour créer un podcast et l'offrir aux épouses de militaire, pour qu'elles aient un outil pratique, qui sort du lot.


Voilà, j'ai fait le tour du propriétaire avec vous. Il ne me reste qu'à vous souhaiter la bienvenue !

Mais, il y a un mais, les démons taquinent mes petits doigts sur mon clavier. J'ai les yeux rivés sur l'écran blanc parfois et j'ai peur. J'ai peur parce que je suis une dilettante, j'ai des passions frivoles, des boulimies d'apprentissages qui m'absorbent puis retombent comme des soufflets parce que mon cerveau se dit rapidement d'arrêter de se prendre de sérieux. Alors j'ai cette impression qu'il périclite, je dois d'urgence aller marcher sous la pluie ou contre le vent. L'odeur de mousse comme celle des cahiers neufs.  J' y reviens comme à une madeleine de Proust. Vous me suivrez ?

 

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Commentaires

  • Gg
    • 1. Gg Le 03/04/2018
    Bonjour, bien sûr que je continuerai à vous lire.
    Ne vous mettez surtout pas de pression, c'est nous les consommateurs de vos écrits avec tout ce qu'´ils contiennent.
    Merci.
    A bientôt
    Gg
    • lareflexiothecaire
      • lareflexiothecaireLe 04/04/2018
      Coucou Géraldine, tu as laissé le premier commentaire sur mon nouvel espace ! ça me fait chaud au cœur :)

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