La vie en lotissement - L'enfer, c'est les autres
- Par lareflexiothecaire
- Le 21/09/2021
- Dans CAPSULE DE REFLEXIO
- 7 commentaires
En 2019, j'écrivais mon premier article sur mon arrivée dans un lotissement d'un village de 1500 habitants environ en banlieue d'une ville moyenne française.
Il est temps de faire le bilan de cette "aventure" (ahah) car elle touche à sa fin !
La vie en lotissement est un VRAI sujet, en tout cas, au coeur de ma vie, cela a eu un impact parfois important.
Le premier billet sur ce sujet, paradoxalement, trouve ses lecteurs et commentateurs sur ce site. Donc, si vous aussi vous vivez en lotissement et que vous êtes arrivés ici, je vous salue et vous encourage à me faire signe ! C'est vrai, peut-être qu'on est voisins ! l'horreur ! Ou alors, vous détestez ça autant que moi.
On ne parle pas assez de la vie en lotissement. Peut-être que personne n'a encore jamais osé dire que ce "rêve" à la française de la maison au milieu d'un petit terrain avec petite clôture, à côté d'autres maisons au milieu d'autres petits terrains avec petites clôtures, n'était pas forcément un rêve. En tout cas, ce n'est définitivement pas le mien. C'est plutôt un véritable cauchemar !
Nous nous sommes donc installés en milieu d'année 2017 dans une petite maison au milieu d'un terrain en surplomb de la rue, avec un grillage autour, située au beau milieu d'un lotissement récent. Les maisons étaient toutes sorties de terre depuis environ 3 ou 4 ans. La population était constituée de 98% de primo-accédants, originaires de la grande ville avoisinante ou des villages à côté, de ce que j'en ai compris. Tout le monde avait l'air normal.
Pour rappel, nous, on était là pour un an grand maximum avant LA mutation très attendue. Donc on avait choisi cette maison par défaut. Je l'ai détesté au premier regard. Mais devant le manque de choix, et en comparaison des épaves visitées ailleurs, on s'était dit qu'une maison aux normes BBC, ça nous changerait la vie. Et c'était plutôt vrai, car ça nous a évité une dépense mensuelle de 197 euros. Moins de surface = moins de chauffage, nettement moins d'émissions polluantes également, et plus de gaz en citerne (j'aimais pas). Bref, une maison écologique et économique. Pour un an, c'était parfait ! Je venais de fermer mon autoentreprise et on a atterri là, un peu paumés.
Vu qu'on s'aime beaucoup, on s'est dit que ce serait un an de fusion familiale totale dans ces 66m2 et que ça ne nous dérangerait pas du tout. D'ailleurs la 1ère année était chouette, on a adoré. L'emménagement s'est fait après un énorme tri et nettoyage par le vide de notre nettement plus grande maison. Tout est rentré dans cette nouvelle mini-maison comme par magie, malgré la perte de 30 m2 d'espace à vivre et de la dépendance extérieure de 10 m2 que nous possédions. On a découvert les environs doucement et on a pris nos marques.
C'était sans compter sur LA mutation dégueulasse de juillet 2018 : la Capitale, pour 4 ans. Pam !
La mutation de la mort qui tue !
Je ne sais pas comment expliquer notre manque total d'anticipation à ce sujet, ... on n' y a juste PAS DU TOUT pensé! On a juste PAS pensé qu'on pouvait être mutés à Paris. Ce qui était complètement idiot de notre part, soyons francs. D'ailleurs, on ne l'a pas demandé (à l'époque, on "demandait" des villes et on serrait les fesses). On avait quand même un mot du médecin traitant qui appuyait pour une mutation en campagne étant donné la santé de notre fils alors âgé de 4 ans à peine. La DRHAT n'en a eu strictement rien à cirer. Bisou à elle !
C'est après de nombreuses semaines de discussions qu'on a opté pour un célibat géographique. En gros, mon mari a accepté d'être malheureux tout seul à Paris et nous de l'attendre ici pour passer des weekends de déconnexion, au calme de la campagne. Il était content de récupérer ses tongs tous les weekends et nous de na pas souffrir en ville. Comme souvent dans la vie, il n'existait pas de solution idéale, mais la balance a très légèrement penché vers cette option, pour la santé respiratoire du petit, ma santé mentale (la vie parisienne, très peu pour moi) et la vie du papa aussi car, logé sur place, il allait éviter 2h par jour dans les transports pour rejoindre un appartement de m*rde (dans nos moyens) en banlieue parisienne.
Il n'y avait pas de choix idéal, non, il n'y avait que le moins pire. J'ai décidé de ne pas reprendre un travail car je voulais être complètement disponible pour mon fils. Il n'avait plus son papa en semaine, on s'est dit que ce serait bien que j'ai du temps pour lui éviter la garderie et les centres aérés. Moi, je voulais bosser sur d'autres choses, plus personnelles, un jeu et un livre pour enfants (mais malheureusement, aucune porte ne s'est ouverte à moi, car même quand on travaille très dur, parfois ça ne mord pas, n'en déplaise à certains, j'écrirai là-dessus un jour). Et puis, on est rentrés dans ce rythme de force... Et là, nous vivons ces derniers mois très difficilement. Les batteries sont littéralement épuisées de mon côté. Je suis à bout...
Lorsqu'on a appris qu'on allait rester là encore 4 ans, j'ai désespérément cherché à déménager, et puis, en découvrant ce qu'on me proposait (le même genre de trucs nazes, ou des loyers pires) et surtout, les démarches à refaire pour bouger, j'ai été prise d'une énorme flemme ! Grand regret de ma part avec le recul, j'aurais du creuser, continuer à chercher ... J'en ai pris pour 4 ans de vie en lotissement. Une véritable désillusion ... j'avais grandi en lotissement, c'est fou comme dans les baskets du parent, cette expérience est complètement différente !
Je n'ai pas pris de grosse gifle d'un coup, non, j'ai pris tout un tas de petites claques pour me dire "Tu n'es pas à ta place" et pourtant, j'ai lutté contre moi-même car j'ai horreur de ça, j'ai horreur des gens qui se définissent comme n'étant "pas comme les autres". C'est souvent une phrase dite par des blaireaux qui n'ont pas plus de personnalité que les autres mais qui ont la bêtise de le croire. Mais tant pis, au risque de passer pour ce blaireau, il a bien fallu se rendre à l'évidence, je ne suis pas comme eux.
Je m'excuse par avance si tu vis dans ce genre d'endroit et que ça te va très bien. Désolée si tes voisins sont cool ou que tu te reconnais dans ma description.
C'est mon espace ici et je parle de ce qui me vient avec mes propres ressentis. Je n'attaque personne.
Le français, trop moyen
Nous survivons dans un lotissement où les terrains sont enchevêtrés les uns sur les autres, parfois en bordure de lotissement plus anciens. Ici pas de grands terrains, on table sur du 250 m2 max et un gros bunker ou autre construit dessus. Il faut compter 30 voire 40 m2 par habitant dans les maisons, donc vraiment ce que je considère comme de très grandes maisons où chacun exprime toute l'originalité de sa personnalité en choisissant la forme architecturale qui lui ressemble (blockhaus, cube, maison tradi, style américain etc...ou truc qu'il pense original). Enfin, à en voir les annonces sur le Boncoin, ce n'est pas si original que ça. Ce genre de lotissements poussent comme des champignons partout par chez nous.
Autour de moi, il y a une majorité de français moyens, oui c'est une expression affreuse. J'ai créé cette petite composition pour décrire au mieux ce qu'est selon moi un français moyen.
Oui, on n'a pas envie de s'y reconnaitre. C'est pourtant le mode de vie d'une large majorité de français. Et ce n'est pas évident de ne pas se sentir enfermé dans le concept. Comme toute catégorie de moquerie, elle est exagérée, pleine de raccourcis et d'affreux préjugés. Oui, je suis vilaine, mais avouez-le, vous connaissez ces gens, c'est peut-être vous? Même moi je peux m'y reconnaître, regardez la photo, on voit un olivier planté dans des cailloux blancs, car le français moyen en lotissement plante des oliviers dans des cailloux blancs et j'avoue, erreur de débutante, moi, j'ai planté de la lavande dedans ! Quelle idiotie ! Il fallait bien cacher le tas de remblais laissé par les proprio. Sinon, l'habitant de lotissement plante des haies en plastique ou des arbustes qui n'ont rien de local, car la biodiversité, il s'en fout. Palmiers, laurier rose à Lille, bananiers, dattiers ... ça n'a pas de sens ? Pas grave, pour le français moyen, il y en a un.
On est nombreux à avoir des caractéristiques du français moyen en nous, je dis juste que le mieux ça serait quand même d'éviter de tout cumuler.
Concept triste de réalisme
Dans cette exagération humoristique, il y a quand même une grosse part de réalisme. On pourrait s'interroger sur ce qu'on pourrait faire pour ne pas être ce français moyen mais c'est difficile... Que faudrait-il faire pour ne pas rentrer dans la catégorie ? Fuir le pays ? Boycotter les fast-food ? Ne jamais accéder à la propriété pour ne jamais finir dans ce genre de quartier ? Vivre sa vie de rêve de nomade digital en Argentine ? Ou juste lire des livres ?
Dans mon quartier, il y a des exceptions ou des gens qui s'éloignent de quelques clichés (une ou deux voisines), mais bon, globalement, le français moyen ressemble aux autres français moyens. Il vit une vie qui ne m'intéresse pas, il a des centres d'intérêt que je n'ai pas, il ne mange même pas comme moi, il ne roule pas comme moi... Quand je les regarde vivre, j'ai la sensation que mes voisins vivent leur vie comme un aboutissement (ça rime avec lotissement, ce serait donc un abouti-lotissement ? ahah!), en dépit de tout ce qu'il y a à apprendre encore, à repenser, à réécrire, à préserver, à vivre. Ils vivent comme ça, en lot, sur 4 hectares, des familles qui se ressemblent, difficiles à distinguer les unes des autres, avec un peu les mêmes goûts, les mêmes préoccupations, les mêmes loisirs, on dirait qu'ils ont tous la même vie.
J'avoue, au début, j'ai cru qu'on allait se trouver des points communs avec certains, j'ai réellement cherché. Je pense être passée à côté d'une personne mais je n'en suis même pas sûre, (c'était un prof, ces gens se plaignent de ne pas être compris, mais font parfois tout pour). On n'a pas su lier quelque chose elle et moi, comme je dis depuis toujours, sans doute parce qu'à trop se ressembler on finit par se repousser.
Les nuisances : les bruits et les odeurs
Vivre au milieu des bruits de leur vie, les voir exister, avec leurs habitudes, ça m'a valu une grosse remise en question sur qui je suis et ce qui est important pour moi. Dans ces nouveaux lotissements, chacun (et c'est vraiment un choix presque unanime) sépare son terrain de ses voisins (qu'il aura nombreux) par des claustras en plastique, ou des grillages rigides où on glisse des lames à moitié brise-vue, une par une. C'est plus rapide que de faire pousser une haie. Quand je dis "à moitié" brise-vue c'est parce que malgré tous leurs efforts, il restent quand même à 10 m grand max de la terrasse des autres quand ils font leur barbecue.
Les brises-vues ne sont pas brise-son, ni brise-odeur et je peux vous dire, qu'il faudra beaucoup aimer la merguez et ses voisins immédiats, parce que vous vivrez en colocation. Vous allez entendre leurs pets (s'ils sont du genre décomplexés), leurs disputes, vous allez connaitre leur émission préférée (téléréalité ou programmes de divertissement présenté par Nagui ou Hanouna).
Vous allez les entendre bricoler, discuter et vous allez découvrir l'étendue du gouffre qui les constitue. Vous les entendrez gueuler, rire grossièrement, parler fort au téléphone avec leur mère, s'extasier devant les 3 minis tomates cerises qu'ils ont réussi à obtenir sans rien foutre (alors qu'avec un peu de connaissances, ils en auraient 5 kg), raconter leur vie à leurs potes qui rêvent d'avoir une maison comme la leur. Ils les inviteront le samedi pour une orgie de mauvaise viande qui parfumera tout le quartier, car ils ne savent pas faire un feu, il le démarre à l'alcool. Ils finiront aussi imbibés que le charbon. Ils recevront des membres de la famille, à tour de rôle, ou en même temps et ça donne des moments que je trouve assez étranges, où les conversations s'entrecroisent et les voix les plus fortes remportent la victoire de la nuisance. Il y aura chaque fois une femme avec un rire de dinde. L'effet de groupe ou quoi, je ne sais pas, mais ça ricane toujours de manière assez hystérique et le niveau sonore va en augmentant au fil de la soirée.
Les années passent et quelques uns vendent en faisant des plus-values abominables... On se demande qui pourra (mais surtout, qui voudrait...) bien racheter ces habitations mais ça part comme des petits pains, ça se bouscule et plus les années passent plus les exigences des organismes bancaires doivent être relatives. Les nouveaux venus sont pires que les précédents : plus bruyants, d'un niveau culturel apparemment de plus en plus bas.
Chacun fait fait fait, c'qui lui plaît plaît plaît !
Dans ces lotissements, il existe des règles comme partout ailleurs. On a des règles pour la vie de tous les jours, des règles tacites, mais aussi des heures "légales" pour tondre, pour les nuisances sonores, il faut demander l'avis et l'autorisation pour faire un enduit si votre mur est adossé à celui du voisin ou consentir à leur choix douteux. Il faut faire pousser des végétaux qui ne dépassent pas dans le jardin des autres etc... pendant la COVID, on était aussi en confinement, si si, on avait les mêmes mesures restrictives pour les déplacements que partout ailleurs en France. On avait pas le droit de recevoir ou de faire des fêtes. Mais tout ça, les règles de la vie normale, et les règles de la vie anormale qu'on a depuis mars 2020, tout ça, TOUT LE MONDE (ou presque) n'en a JAMAIS EU STRICTEMENT RIEN à FAIRE ! Tout le monde a fait ce qu'il voulait, quand il voulait. Il n'y a jamais eu autant d'invités qui remplissaient les parkings que pendant les weekends de confinement. La COVID a réconcilié les familles et les voisins qui se méprisent... En 2019, tout le monde se faisait chier aux repas de famille, mais en 2020, tout le monde voulait se voir tous les jours.
L'arrêté préfectoral qui régit les heures pour les travaux et les pelouses, je pense qu'on était 3 à le respecter. Ce que je fais sans mal me direz-vous, car je supporte que le gazon ne soit pas tondu comme celui d'un golf 18 trous, afin que la biodiversité ait un répit entre deux abatages. Les gens ici ne sont pas vegan, c'est clair, ils n'ont pas la passion du végétal, c'est certain. Quand le département est en restriction d'eau, je dois être la seule à le savoir car ça n'empêche pas les gens de laver la BM ou le SUV au nettoyeur haute-pression devant le garage. Les chats sont livrés à eux-mêmes toute l'année et garnissent les jardins des voisins (sans chat eux) de leurs excréments.
Ma maison apparait (aux yeux de ceux qui m'ont donné un avis que je n'avais pas demandé) comme celle "au pire emplacement". C'est ce qu'on m'a répété et peut-être que c'est vrai car je l'ai détesté dès que je l'ai vue. Non pas que le style soit particulièrement affreux, mais il n'y a aucun aménagement extérieur donc aucune intimité. La terrasse donne sur un parking et des façades sans fenêtre de logements sociaux. Des garages et des portes d'entrée. A priori pas de réel vis-à-vis oui, mais ça fait "grand ouvert" quand même, elle a un coté "sur estrade". Les propriétaires à qui je loue n'ont pas vécu longtemps dans les murs, ils n'en ont eu rien à faire de poser une clôture. Mais si je réfléchis bien, je n'ai quand même pas ma terrasse en face de celle de mes voisins. Je ne profite pas vraiment de mon jardin c'est vrai, on voit à travers un grillage. Je ne vais pas leur offrir les travaux donc je le supporte (je sais que je vais partir moi). J'ai simplement aménagé un contour de terrasse en toile qui brise, pour le coup, complètement la vue, quand je veux en profiter. J'ai aussi installé quelques plantes pour attirer les abeilles et un coin potager (où je récolte de vrais kilos de tomates).
Après toutes ces descriptions ... que je pourrais continuer des heures, j'ai plutôt envie de raconter ce que cette vie en lotissement a eu comme effet sur moi. Car la vérité c'est que c'est l'enfer ! Et surtout, j'en ai encore pour à peu près un an, en espérant qu'on ait la chance de pouvoir partir avant juillet l'année prochaine.
Les rapports sociaux
Il faut dire que je suis vraiment arrivée comme une "bonne fille bien brave", avec mes illusions, mes rêves de solidarité, d'entraide et de partage. Je me suis inscrite sur un site de voisins pour prêter mes outils, arroser les jardins, dépanner ... Je suis allée à la fête des voisins comme un petit poussin, je me voyais déjà organiser la prochaine, amener les gamins en forêt, garder les uns et les autres ... et puis, gérer le pédibus pour aller à l'école, parce que c'était une souffrance écologique pour moi de voir ces gens conduire leurs enfants à l'école en voiture alors qu'on vit TOUS à environ 600 mètres du portail. Je croyais qu'on allait s'échanger des services, j'ai prêté ce qu'on m'a demandé, je pensais que je pourrais arroser leurs jardins pendant leurs vacances et qu'ils s'occuperaient du mien sur mes 12 jours d'absence. J'ai vite compris que ça n'allait pas le faire. Je croyais que j'allais rentrer les poubelles qui trainaient et qu'en échange la mienne serait rentrée à mon retour ... Putine, mais non ! Folle va !
La base, c'était le bonjour. Mais déjà là, direct, ça a été un gros problème. Pour eux. Au début, je me vexais, je comprenais pas, je pensais que j'avais fait un truc de mal ... je peux vous dire qu'à force de les voir se tordre le cou pour éviter de me saluer, puis me re-saluer comme si de rien n'était la semaine suivante, moi j'ai failli devenir zinzin. J'ai cru qu'ils n'avaient pas de vision périphérique, ou un problème aux cervicales. Mais j'étais très enthousiaste. J'ai insisté, parce que j'ai appris qu'on allait être bloqués là pendant 4 ans encore, je me suis dit "Toi, toute seule avec le petit, il te faudra un réseau". J'étais la seule gogole avec un sourire au portail de l'école chaque matin. J'ai fait des travaux de couture gratos pour la maitresse, ma voisine (et pas que ça). J'ai toujours salué gentiment et naturellement. J'ai bien compris que parfois les gens sont mal lunés et snobent les bonjour, mais bon, on a tous 25 ans passés, voire bien tassés, on a plus l'âge de se comporter comme des petits grognons cyclothymiques.
Progressivement, j'ai ravalé ma gentillesse parce que j'ai ressenti toute la limite d'un désir à sens unique. Oui, ça fait gros mot, mais c'était un désir que j'avais et que j'ai dû ravalé. J'ai compris que là, au milieu d'eux, il n'y avait pas de place. Déjà, parce que j'avais du temps quand les gens n'en avaient pas (moi, toutes mes soirées, je suis seule avec mon enfant, mais la journée, je suis libre), et parce que je dois l'admettre, je n'avais vraiment pas grand chose à partager avec tous ces gens.
Toujours progressivement, j'ai arrêté de prendre les colis du voisin qui n'était jamais là (je vous dis pourquoi de suite), j'ai arrêté de chercher les regards pour valider si on pouvait dire bonjour ou pas, j'ai arrêté de leur prendre leur température tous les jours. Et au final, 4 ans plus tard, j'ai arrêté de parler avec la plupart d'entre eux. J'ai eu un déclic un jour, un vrai : j'ai retrouvé mes pneus avec des clous dedans exactement deux semaines après avoir demandé gentiment à un voisin (celui pour qui je prenais les colis) s'il pouvait reprendre la scie circulaire le lendemain matin (il était 21h30 et y'avait école le lendemain pour son fils et le mien). J'avais vraiment été le demander avec un vrai sourire, sans agressivité, en prenant soin de choisir chacun de mes mots. Paf, deux pneus crevés à 15 jours d'intervalle, avec les mêmes clous épais, tapés au marteau (dixit le garagiste qui a bien dit que le gars avait dû insisté pour que ça rentre).
Il ne s'est pas arrêté là ce crétin, il est allé raconter des trucs aux deux martiens d'à côté qui nous ont sauté dessus un dimanche. Deuxième déclic : ici, la parole d'un alcoolique, propriétaire aussi, vaut plus que celle du locataire honnête. C'est avec amertume qu'aujourd'hui, je repense à mon attitude ce jour là, spontanément je n'ai pas envoyé le gros beauf "du 93" (comme il l'a dit lui-même) sur les roses. Je suis une dame polie, bien élevée. Je trouvais sincèrement dommage qu'ils croient des rumeurs, je voulais arrondir les angles et je me suis montrée très respectueuse, désireuse de rétablir le dialogue, de calmer la tension avec humour. C'était une erreur que je ne ferai plus.
Le français moyen et ses préoccupations
Une chose est apparue clairement au fil des jours : je ne ratais vraiment rien. Tout ce que j'ai entendu de leurs bouches n'était jamais bien intéressant. Le lien qui se tissait plus étroit avec une des voisines s'est étiolé, c'est pas faute d'avoir fait ce que je pouvais. Avec les autres, j'ai toujours et assez rapidement senti un décalage culturel énorme. Le décalage culturel, c'est quelque chose que je connais bien. Je sais que je suis une personne exigeante, mais quand même, je sais m'adapter. Et là, j'ai ressenti toute la limite entre l'adaptation et se renier soi-même. J'ai beau avoir des centres d'intérêt pas faciles à partager, je suis toujours ouverte, tolérante (j'en reparlerai) et surtout, j'adore juste plaisanter. Cela fait de moi, je pense, quelqu'un d'accessible.
Mais voilà, c'est vrai, je ne peux pas vous parler de l'actu télé, non je ne regarde pas les émissions de divertissements, je ne rêve pas de chanter avec Nagui, mon fils ne suit pas les émissions non plus, non à 19h il ne sort plus pour jouer dans la rue, il est douché et on va pas tarder à manger. Je n'ai pas Instagram et Facebook, j'y tiens quelques mois. Non je n'apprécie pas la littérature cheap pour femmes chaudes, non je ne passe pas le samedi dans les magasins, non je ne fais pas vivre une course sans fin à mon enfant tous les mercredis (les autres jours non plus, c'est un choix de vie, j'ai le droit), non je ne me fais pas les ongles et j'entretiens moi-même mes cheveux, non je fais pas de yoga, non je ne lis pas Biba, non je suis désolée, je fais d'autres choses. Beaucoup trouveront ça chiant, mais comme dire ... on est toujours le chiant de quelqu'un non ?
Je ne suis pas passionnée par la zumba ou le make-up, les émissions où les gens se notent, les loisirs pour femmes, les pseudosciences, les croyances ésotériques et leur choix en matière de déco. Ils n'en finissent pas de faire des travaux dans leurs maisons, c'est interminable et forcément, moi, parler du choix de la faïence de la salle de bain, j'en ai rien à faire (globalement, vous commencez à comprendre l'idée...). Ensuite, il faut les écouter commenter le choix des appliques murales extérieures et de la couleur des façades des maisons de leurs voisins. Souvent j'ai eu l'impression que le sujet principal de leurs préoccupations, étaient les critiques. Comme j'étais locataire, j'ai l'impression que j'ai recueilli beaucoup plus de confessions des uns et des autres. C'est quelque chose qui ne m'intéresse pas, ça me gêne beaucoup de parler des gens avec d'autres gens ...
Quand ce n'était pas des critiques sur les autres, c'était des réflexions ou avis sur moi et ma vie. Je me suis pris un nombre incalculable de réflexions sur "ma maison" (maison que je loue, donc je n'ai rien décidé), son emplacement, etc. Quand j'ai reçu chez moi, deux gros problèmes attiraient l'attention : la petitesse de la maison et la propreté ambiante, ... excusez-moi de ne pas être débordée par l'intendance, je suis mère au foyer, c'est un luxe que j'ai, le temps. Dans 66 m2, je suis désolée, je ne peux pas laisser du bordel sinon je ne peux plus me déplacer normalement ! Ce n'est pas ma propreté qui les gênait je pense, mais leur bordel, chez elles.
On m'a dit 10 fois "Moi à ta place je pourrais pas..." vivre dans si petit, seule avec mon mari à Paris, ne pas travailler, supporter les missions, n'avoir qu'un seul enfant, vivre dans ce type de maison, ne pas avoir ma famille proche" ... jamais je n'ai osé dire que moi non plus je ne voudrais pas de 200 m2 sur un terrain de 250, je ne pourrais pas faire leur boulot -rarement passionnant-, je ne voudrais vivre dans leur tête, réfléchir comme elles, être aussi critique gratuitement et frontalement. Moi non plus, je ne pourrais pas vivre leur vie dans leur quartier toute ma vie et parfois même, être mariée à des hommes aussi ennuyeux. Désolée, mais à un moment, c'est soit ça sort ici, soit ça reste dans ma tête.
L'enfer, c'est le jugement des autres
J'ai essayé un temps d'élargir mon horizon en approchant des "mamans d'école". C'est une espèce a priori sauvage et difficilement accessible, ce qui m'a aidé c'est ma disponibilité, mes initiatives (Fun fact : c'est assez rare qu'une maman d'école refuse que vous lui preniez son enfant un après-midi) et mon enthousiasme, toujours. J'avais de l'énergie pour deux, mais assez vite j'ai compris qu'elles avaient un répertoire d'amis déjà bien rempli et qu'hormis me prêter leur enfant comme une grâce, elles ne m'autoriseraient pas à devenir leur copine. Je vous passe le récit des mois à accompagner l'une d'elle en profonde dépression, qui une fois qu'elle allait mieux, a perdu mon numéro. Celle qui faisait des trucs newage du type "stage de méditation avec un gourou" et qui se sentait supérieure en raison de sa grande "ouverture spirituelle". De longues heures d'écoute, beaucoup de bonne volonté de ma part mais le même constat chaque fois : non, c'est pas encore ça.
Je n'ai jamais cherché à démonter toutes leurs croyances sur les enfants uniques (il y en a d'énormes ! c'est incroyable !) et la femme au foyer (c'est pire), parce que j'en ai rien à faire de leur avis, enfin j'essaye .... Elles m'ont blessé plus d'une fois. J'ai ressenti profondément tout le mal être que mes choix et ma façon de voir la vie leur renvoie mais ce n'est pas mon problème. Ma journée fait 24h comme la leur et c'est tout juste assez pour éduquer un enfant comme le mien, lui consacrer réellement du temps de qualité, il n'est pas moins sociable que leur fratrie qui s'arrache la gueule à longueur de journée. Faire semblant d'aimer mon travail et croire qu'il a un sens ou qu'il me donne ma valeur, c'est pas mon truc. Je fais partie de celle qui font des choses qui ne rapportent pas toujours de l'argent (comme le podcast). Et surtout, j'ai pas réalisé un rêve en venant ici. Combien de fois j'ai eu envie de répondre : Contrairement à vous, moi je n'ai pas acheté ici, cette maison et tout ce qu'il y a autour, je m'en fous, nous, on partira. C'est pas moi qui ai signé un crédit pour vivre dans votre quartier de French-dreamer, c'est vous ! Vous, votre terrasse en face de celle de ce voisin que vous haïssez (vous me l'avez confié), avec sa fenêtre qu'il a creusé et qui ne vous plait pas, vous allez la supporter peut-être toute votre vie, avec le prêt à la banque qui va avec. Vous avez choisi, emprunté et signé pour vivre là ! Pas nous ! Et on ne le fera jamais.
Et en m'énervant comme ça, je m'en veux. Je fais comme eux, j'ai été jugée et je juge à mon tour. C'est ce qu'on appelle un cercle vicieux et oui, je tombe dedans. Je pense que c'est humain.Je n'ai jamais osé rien répondre à la sorcière qui m'a humilié sur "mon chômage" et mon "fils unique", ni aux autres. Je m'écorche la lèvre, parce que ça me fait mal de dire quelque chose de méchant, je n'aime pas ça. Vous aurez du mal à me croire après avoir lu ça, mais c'est de l'amertume ce que je dis, je suis déçue. Je les juge gratuitement. J'ai encaissé sans jamais rendre la monnaie.
Je dois le dire, c'est un truc que je déteste dans la vie. Tous les gens qui me connaissent m'ont déjà entendu en parler, parce que c'est quelque chose que je déteste profondément : J'ai horreur que le comportement d'une personne, me force, en réaction, à adapter le mien d'une façon qui ne me ressemble pas. Je déteste que les gens aient une influence négative sur mon tempérament de base. Le jugement, spontanément je le modère car je trouve toujours des excuses aux autres. Mais après 4 ans à en prendre plein les dents, j'aimerais beaucoup être le dalaï-lama, que rien ne me touche, mais la vérité c'est qu'à force de recevoir la bave du crapaud, la colombe, elle a les ailes dégueulasses et elle en a ras le bol ! J'aurais pu leur cracher dessus moi aussi, je me contente de cet article de blog perdu dans les limbes d'internet. C'est une règle que j'essaye de respecter dans la vie, je sais bien qu'on juge tous à un moment ou à un autre, la moindre des choses c'est que ça ne vienne pas aux oreilles de l'intéressé.
Les gens cons vous rendent cons, ils déteignent
C'est important pour moi de rester fidèle à moi-même, mais à un moment, je suis humaine. Donc, aujourd'hui, je le dis, j'ai baissé les bras parce que tout ça m'a miné au point de douter de moi, de me maltraiter. Là, ça fait 4 ans que je me fais du mal parce que je vis dans cet endroit, je ne vous raconte pas dans quel état je suis ... Quand je vois que j'étais toujours celle qui souriait, celle partante pour tout, celle qui proposait, celle qui dépannait, qui gardait les enfants, celle qui écoutait les jugements sans broncher, celle qui se prenait des réflexions du type "les gens se disent qu'ils sont mieux que quelqu'un qui ne travaille pas, comme toi", "Quand je veux prouver à Killian qu'il a une vie extraordinaire, je lui parle de ton fils. Je lui dis : Tu imagines X comme il est tout seul, tout le temps. Il n'a pas ta chance, ses parents lui ont pas fait des frères et soeurs comme nous". J'ai souri, j'ai pas relevé. J'ai toujours un fond d'empathie pour les gens, surtout face à la bêtise, parce que je n'arrive pas à leur en vouloir, je me dis que sûrement il leur manque quelque chose pour être bons, peut-être de l'amour, des raisons de changer, ou un brin d'intelligence. C'est insupportable pourtant de se voir juger par des gens qui n'ont aucune culture (c'était le cas de cette personne), qui ne réfléchissent pas, ne se questionnent jamais.
Est-ce que je suis condamnée (avec mon adorable mari) à être celle qui se tapera l'après midi de surveillance des gamins du quartier alors que tout le monde s'en tape ? Peut-être. Peut-être aussi que ça me fait plaisir d'avoir ces gamins chez moi, qu'ils se sentent accueillis ici. Serais-je toujours celle qui roulera sous la limitation de vitesse pour ne tuer personne ? Oui. Celle qui donnera (les vêtements quasi neufs, les jouets ...), non, fini. Celle qui répondra présente en cas de pépin ? Oui, sûrement. Celle qu'on n'entend pas, celle qui dégage les détritus et les gros cailloux de la route, celle qui quitte son potager pour ne pas déranger, celle qui dit "chut" à son garçon, celle qui s'efface : Certainement oui.
En 4 ans, je suis devenue un genre de MUR ! Je suis rentrée dans leur jeu pour ne pas dire bonjour. Voilà, ça me dégoute de moi-même d'avoir perdu ma spontanéité mais je ne peux plus, je ne pouvais plus continuer. La conclusion de cette expérience, je la connais déjà, mais il me reste encore quelques mois à vivre ici.
Écrire cet article a été l'occasion d'une véritable remise en question. En listant ainsi tout ce qui m'avait touché et manqué, je me suis rendue compte des attentes que j'ai eues vis-à-vis de cette vie en communauté. Oui, j'appelle ça une communauté, car pour moi, ce mot à un sens et honnêtement en arrivant dans ce quartier, j'ai cru que c'est là que j'arrivais, dans une communauté. J'avais des attentes et c'était une erreur et elles étaient sans doute bien trop grandes, j'ai pris une claque à la mesure de ces attentes. Au fond, vivre au milieu de ces gens, ça m'a rappelé l'isolement intérieur que j'ai toujours connu. Je peine depuis petite à me trouver bien au milieu des autres, il y en a bien quelques uns, mais ils sont rares. Avant, je faisais beaucoup d'efforts, mais on dirait qu'en vieillissant j'ai de moins en moins envie.
Le bilan est donc double et c'est celui là : je ne suis pas faite pour vivre ici, comme ça, mais j'ai vraiment besoin de plus de vraie nature et de gens avec plus d'humanité. Je n'ai pas le même rythme, pas les mêmes centres d"intérêt, pas la même culture et pas les mêmes préoccupations. J'ai besoin de vivre plus dehors, d'un espace assez grand pour nous et pour quelques bêtes, d'un espace véritablement intime, d'un écrin (spoiler : 2 ans plus tard, je l'ai trouvé), et d'humains, de gens qui fassent gaffe aux autres, de voisins qui se seraient dit qu'une femme seule avec son fils en semaine, elle avait peut-être besoin de contacts sociaux. Des gens qui remarquent mes efforts, ma bonne volonté. J'ai envie de gens qui veulent faire "société", de gens pour qui ce mot à un sens.
Mon rêve ne consiste pas à vivre hors-sol dans une baraque à crédit et sans conscience ni respect du monde et des autres. J'ai essayé mais je ne sais pas. Je ne rêve pas de piscine et encore moins de climatisation. Quand je pense barbecue, je pense à trop de viande mal cuite. Je n'ai aucun amour pour le plastique et je continuerai à ramasser les déchets que je trouve partout car je veux ma planète propre. Je n'ai aucune passion pour les chipolatas, l'alcool, la télé et les potins de voisinage. J'aimerais qu'on ne se compare pas à moi. Moi j'aime la nature, le calme, bricoler avec les doigts, des trucs pas bruyants, faire mon potager, les plantes, les insectes, la photo, la forêt, marcher, et apprendre (et ça a l'air d'un mot innocent comme ça, mais ça m'occupe énormément). J'ai mes défauts mais je ne ramène pas non plus ma science constamment, j'aime écouter, j'aime rire et j'aime être là pour les autres. Si je sais faire quelque chose, je veux bien aider ou rendre service. J'ai des envies d'espace et de nature, je n'ai pas envie de bétonner mon allée, ni de tondre de la pelouse stérile pendant 30 ans. On ricane parce que je désherbe à la main, ... ben oui, je préfère ça aux produits chimiques. Je rêve de gens qui me ressemblent, je rêve ? Où êtes-vous ?
Je vais reprendre ma route un jour. Partir de ce quartier. Je garde pour cet ailleurs mes désirs de communauté bienveillante et de partage. J'espère trouver des gens comme nous, et peut-être, une voisine comme moi, discrète qui ne vivra pas sous mes fenêtres et sera juste d'humeur égale, qui ne me collera pas d'étiquette et se sentira concernée par notre environnement, les nuisances et la biodiversité. On s'échangera des plantes en trop, je lui ferai des cadeaux sans qu'elle s'imagine que je l'achète. Je rêve de troc, de politesse essentielle et de soutien non invasif.
Je compte les mois qui me séparent de mon évasion.
Il me faut me fixer un objectif d'ici là. Retrouver une bonne santé, ça serait pas mal déjà.
chronique humeur humour absence relations
Commentaires
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- 1. Caroline Le 11/05/2023
Bonjour,
Je vois que vos pratiques de modération sont suffisamment permissives pour valider la menace de suicide de Christine mais pas mon message. Vous confirmez, outre votre indécence inouïe, que contrairement à ce que vous clamez partout sur votre blog vous n'êtes pas quelqu'un d'éveillée cherchant à progresser mais une femme gonflé d'orgueil. Vous faites le choix peu courageux de cacher ma critique à vos lecteurs mais vous ne pouvez la cacher à vous même. Je vous invite à nouveau à considérer que vous n'êtes pas meilleure que les frustres voisins que vous méprisez.-
- lareflexiothecaireLe 11/05/2023
Caroline, ou peu importe qui vous êtes, malgré ma dernière réponse qui cherchait l'apaisement et tentait de vous montrer ma volonté de me remettre en question, vous continuez à être dans l'agression. Je vous renvoie quelque chose de vous-même que vous ne supportez pas. Cherchez donc à dialoguer au lieu de rugir.
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- 2. Caroline Le 05/05/2023
Je ne vis pas en lotissement, je suis très éloignée du français moyen, je n'appartiens pas à la catégorie des “heureux sans me poser de question” (mais où sont ces gens qui n’existent que dans de mauvaises séries ?) et surtout, mon empathie était sincère.
Je constate qu’alors que je vous invitait à dépasser ce penchant dans mon commentaire précédent, vous réitérez avec moi ce que vous faites avec vos voisins : poser des jugements erronés sur une réalité que vous ne percevez que très partiellement. C’est un biais cognitif répandu mais il s’accompagne chez vous d’une rancœur et d'une amertume douloureuse à lire.
J’y ajouterai aussi une grande confusion. Outre le fait que vous reprochez à vos voisins et moi ce que vous pratiquez sur ce blog, les incohérences de raisonnements qui parcourent votre texte devrait vous faire douter de la position que vous croyez occuper, au-dessus de ceux dont “le système a pourri le cerveau”.
Vous vous flattez par exemple d’occuper une position qui vise à “appartenir, soutenir, apporter, créer et offrir”. Sur cette page figure quelques milliers de mots, combien vise cet objectif ? D’ailleurs alors que vous vous drapez dans “l'éducation [et] la réserve.” pour expliquer votre manque de répartie, chaque lecteur pourra constater dans quelle mesure vous honorez ces valeurs dans votre texte initial et votre réponse à mon commentaire.
Il est à cet égard révélateur de lire “soyez ravie d'être la première personne qui met un commentaire désagréable ici” quand votre plume ne semble savoir exprimer que du mépris. Vous auriez préféré un autre commentaire ? Quelques lignes d’assentiment dans lesquelles j’aurai pu abonder sur cet autre qui m’a rejeté et dont je me venge via un article de blog anonyme en le jugeant sur 5%, 10% de ce que je perçois de sa vie et sa personnalité ? Nous nous serions toutes les deux réjouies d’une joie mauvaise, unis par nos capacités littéraires limitées et une même haine du français moyen. Mais l’autre n’a pas eu les mêmes chances que nous, il a une histoire différente et des goûts propres. Je les respecte même si je ne partage pas sa passion pour la raclette et la formule 1 du dimanche.
Si j’ai écris ce message ce n’est pas parce que je me suis retrouvé dans vos voisins, c’est parce que j’ai reconnue en vous une ancienne amie et ai été touchée. Aujourd’hui nous ne nous voyons plus et d’ailleurs elle ne voit plus personne ou presque. Son positionnement de jugement méprisant s’est récemment enrichi d’un complotisme qui lui permet à nouveau de séparer mentalement le monde en deux avant de se placer du bon côté “ceux qui pensent et se posent des questions”.
Las, même si j’étais loin d’imaginer une telle violence dans votre réponse, il est clair que j’étais stupide et orgueilleuse d’imaginer vous toucher.
Je vous invite donc à stopper dès à présent la naturelle pente conflictuelle du net et cette conversation stérile. Vous ne cesserez pas de mépriser le français moyen et de mon côté je n’arrêterai pas de prétendre vouloir aider les gens avec des commentaires insuffisants qui n’ont pour résutlat visible que de blesser.
Merci en tout cas pour votre blog, le post sur Kazdin par lequel je suis arrivé ainsi que celui-ci, entrecoupé de fulgurances. Le passage sur “les voix les plus fortes remportent la victoire de la nuisance” m’a vraiment fait rire. Bonne continuation-
- lareflexiothecaireLe 11/05/2023
Malheureusement, votre mail est un faux, j'aurais préféré vous écrire personnellement. Je prends le temps de vous écrire quelques lignes, sans trop réfléchir avant, ce qui est sans doute une mauvaise idée. Nous sommes toutes les deux dans une boucle de rétroaction ou rétro-réactions, si vous me permettez l'invention du mot. J'ai écrit un billet de blog qui me sert à l'époque de purge pour ma rancœur (je ne le nie pas) et ça titille quelque chose chez vous. Vous me renvoyez de la condescendance agrémentée de quelques conseils non sollicités, que je reçois comme de l'agressivité maquillée avec de la bienveillance, et bla et bla et bla. Comment nous en sortir ? Premièrement, Je vais suspendre là mes commentaires. C'est mon droit. Deuxièmement, je vais me laisser reposer là dessus et lorsque j'en aurai le temps, je mettrai à jour cet article car à froid, il y a des choses que je réalise. Pour le moment, là, je me sens vraiment comme une très mauvaise personne. Troisièmement, je vous écris pour vous dire que notre conversation n'est pas stérile, car elle me fait réfléchir. Mon article était colérique, les émotions sont contagieuses, il est donc normal que je puisse recevoir ce genre de commentaires. Même si je trouve très dur de lire que nul part, mon site ne cherche à offrir ou soutenir. Ça, vraiment, c'est très violent de le lire. Vous n'imaginez pas à quel point. Ma colère de l'époque n'a aujourd'hui plus vraiment d'objet. Lorsque j'ai reçu votre commentaire, je l'ai donc fait lire à deux personnes aux tempéraments opposés qui ont ressenti (avec une intensité différente, certes) une certaine arrogance. Il ne m'en a pas fallu plus pour réagir avec vigueur. Je pense que dans cette boucle de rétroaction, nous avons toutes les deux des jugements erronés l'une sur l'autre. C'est dommage. Cela nécessite t-il de nous corriger point par point ? Sans doute pas. Personnellement, je "réagis" assez peu sur internet, car j'ai toujours peur de me tromper, de comprendre de travers (parfois on interprète même l'absence d'un mot dans ce qu'on lit ou entend). Merci pour le temps que vous avez consacré à m'écrire tout de même, malgré notre apparente opposition, je pense que nous avions des points communs. Bonne continuation à vous également
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- 3. Caroline Le 02/05/2023
Ce témoignage est un appel à l'aide. Il y a tellement d'incompréhension de l'autre, de jugement, de mépris et de mal-être dans ce post. Cela me fait mal pour vous.
j'espère que vous allez mieux désormais et que vous arrêtez de (nous) vous mentir. "Et en m'énervant comme ça, je m'en veux. C'est pour ça que je n'ai jamais osé rien répondre à la sorcière qui m'a humilié sur "mon chômage" et mon "fils unique", ni aux autres."
Vous n'avez pas répondu parce que vous avez été surprise, parce que vous n'avez pas eu la répartie nécessaire. C'est humain, il n'y a aucune honte à avoir ni de fausses excuses à se trouver.
Je pense que vous faites fausse route en déversant votre "bave" (de colombe) sur ce site. Cela ne vous rendra qu'encore plus autocentrée, persuadée de votre vérité et en définitive malheureuse.
Focalisez vous sur le positif de votre environnement ou actez concrètement pour le changer (y compris en déménageant) me parait une stratégie plus saine et surtout plus efficace.-
- lareflexiothecaireLe 03/05/2023
Je vous remercie pour votre message que j'ai cru bienveillant. Votre première phrase portant à confusion. Disposez-vous d'un autocollant Corsica Ferries sur votre voiture, d'une piscine gonflable ? Ou bien, vivez-vous pleinement épanouie dans votre maison de lotissement ? Vous êtes vexée ? C'était trop dur de lire votre portrait même caricaturé, noir sur blanc ? La vie en lotissement est, en ce qui me concerne, de l'histoire ancienne : nous nous sommes enfin retirés dans une vraie maison avec un vrai terrain à la hauteur de nos ambitions. Entourés de la faune et la flore. Mon laïus : Plus de papillons, moins de voisins ! Ce texte est un témoignage à un instant T et je le conserverai tel quel, même s'il me vaudra encore quelques postillons comme les vôtres (soyez ravie d'être la première personne qui met un commentaire désagréable ici). Cela m'a permis de mener une réflexion vis à vis de mes attentes. Depuis j'ai avancé et je vais continuer. Je suis toujours étonnée face aux personnes comme vous, qui teintent leur discours d'une fausse empathie pour enfoncer la tête sous l'eau de leur prochain. Votre hypocrite inquiétude face à mon "appel à l'aide" c'est vraiment bien tourné. J'observe régulièrement qu'un certain nombre de mes concitoyens pointe le mal-être des autres pour affirmer leur bien-être factice de mouton égaré. Quelle fierté tirez-vous de vivre heureuse et sans vous poser de questions dans un monde tel que le nôtre ? Quel bonheur retirer de vivre les uns à côté des autres, sans jamais se rencontrer authentiquement ? Je pense que ce sont les gens comme vous qui vont mal. Vous vous "focalisez sur le positif" (comme vous le dicte la société et sa presse et littérature bas de gamme) parce que regarder le monde dans sa laideur, ou essayer de le penser beau, vous n'en avez pas le courage et sans doute pas la capacité intellectuelle. Et vous prenez mon absence de réponse à la violence verbale des autres pour de la surprise ou un manque de répartie, ahah, si seulement vous maitrisiez ce qu'est l'éducation, ou la retenue. Les lotissements sont le reflet de ce système qui a pourri le cerveau d'une grande majorité de la population, occupée à jalouser/ennuyer son voisin et à compter ce qu'il a de plus ou de moins que lui, au lieu de vivre et de désirer, juste désirer, ... désirer faire société, faire famille, créer du lien, appartenir, soutenir, apporter, créer et offrir. C'est de ça dont parle mon texte aussi, mais vous ne lisez pas entre les lignes, trop absorbée par votre besoin d'écraser. "Il faut être fou pour ne pas être affecté par l'abomination, ...faut être un vrai porc pour ne pas souffrir de ce qu'il y a d'abominable dans notre monde" Bernard Stiegler, 2003. Je continuerai donc de m'étonner et de parler de ce que je trouve moche dans ce monde. Et les lotissements c'est moche, ce qui s'y passe le plus souvent, est moche. (C'est ce qu'on m'écrit). Moi qui ai souvent déménagé, j'ai noté un invariable entre voisins : les gens ont souvent une phrase malheureuse sur les uns et les autres, chacun est le "connard de voisin" de l'autre. J'en ai déduit ces choses : les gens ne se regardent pas dans le miroir, ils attendent les efforts de l'autre, jamais d'eux-mêmes. Ils ne se remettent pas en question. Ils ont des préjugés. Ils vivent dans leur bulle et se gargarisent. Et surtout, ils sont envieux. Vous me qualifiez d'autocentrée et c'est là que je sens que vous vous êtes certainement reconnue dans le portrait d'une de mes voisines, j'espère que cet article vous a irrité et vous permettra un retour sur vous-même pour essayer de moins ressembler à ces caricatures. Je tiens à préciser que ce site est mon espace et j'y fais ce que bon me semble. Cet article est devenu le second le plus lu et il a une bonne visibilité du fait que je ne suis pas la seule à penser que la vie en lotissement, entourée d'êtres sans humanité (vous êtes légion) est un enfer.
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