La vie en lotissement - L'enfer, c'est les autres
- Par lareflexiothecaire
- Le 21/09/2021
- Dans CAPSULE DE REFLEXIO
- 8 commentaires
En 2019, j'écrivais mon premier article sur mon arrivée dans un lotissement d'un village de 1500 habitants environ en banlieue d'une ville moyenne française.
Il est temps de faire le bilan de cette "aventure" (ahah) car elle touche à sa fin !
La vie en lotissement est un VRAI sujet, en tout cas, au coeur de ma vie, cela a eu un impact parfois important. Je remarque que cet article est des plus lus ici, donc manifestement, nous sommes nombreux à souffrir :)
Donc, si vous aussi vous vivez en lotissement et que vous êtes arrivés ici, je vous salue et vous encourage à me faire signe ! C'est vrai, peut-être qu'on est voisins ! l'horreur ! Ou alors, vous détestez ça autant que moi.
On ne parle pas assez de la vie en lotissement. Peut-être que personne n'a encore jamais osé dire que ce "rêve" à la française de la maison au milieu d'un petit terrain avec petite clôture, à côté d'autres maisons au milieu d'autres petits terrains avec petites clôtures, n'était pas forcément un rêve. En tout cas, ce n'est définitivement pas le mien. C'est plutôt un véritable cauchemar designé par des pseudos architectes qui n'y vivront ja-mais !
Nous nous sommes installés en milieu d'année 2017 dans une petite maison au milieu d'un terrain sur 10cm de terre arable, en surplomb de la rue, avec un grillage autour, située au beau milieu d'un lotissement tout récent. Même Google ne le connaissait pas. Les maisons étaient toutes sorties de terre depuis environ 3 ou 4 ans. La population était constituée de 98% de primo-accédants, originaires de la grande ville avoisinante ou des villages à côté, de ce que j'en ai compris. Tout le monde avait l'air normal. Au début.
Pour rappel, nous, on était là pour un an grand maximum avant LA mutation très attendue. Donc on avait choisi cette maison par défaut. Moi, je l'ai détesté au premier regard. Mais devant le manque de choix, et en comparaison des épaves visitées ailleurs, on s'était dit qu'une maison aux normes BBC, ça nous changerait la vie. Et c'était plutôt vrai, car ça nous a évité une dépense mensuelle de 197 euros de gaz. Moins de surface = moins de chauffage, nettement moins d'émissions polluantes également, et plus de gaz en citerne sous nos pieds dans le jardin (j'aimais pas). Bref, une maison écologique et économique. Pour un an, c'était parfait ! Je venais de fermer mon autoentreprise et on a atterri là, un peu paumés.
Vu qu'on s'aime beaucoup, on s'est dit que ce serait un an de fusion familiale totale dans ces 66m2 et que ça ne nous dérangerait pas du tout. D'ailleurs la 1ère année était chouette, on a adoré. L'emménagement s'est fait après un énorme tri et nettoyage par le vide de notre nettement plus grande maison d'avant. Tout est rentré dans la mini-maison comme par magie, malgré la perte de 30 m2 d'espace à vivre et de la dépendance extérieure de 10 m2 que nous possédions. On a découvert les environs doucement et on a pris nos marques.
C'était sans compter sur LA mutation dégueulasse de juillet 2018 : la Capitale, pour 4 ans. Pam !
La mutation de la mort qui tue !
Je ne sais pas comment expliquer notre manque total d'anticipation à ce sujet, ... on n' y avait juste PAS DU TOUT pensé! On a juste PAS pensé qu'on pouvait être mutés à Paris. Ce qui était complètement idiot de notre part, soyons francs. D'ailleurs, on ne l'a pas demandé (à l'époque, on "demandait" des villes et on serrait les fesses). On avait quand même un mot du médecin traitant qui appuyait pour une mutation en campagne étant donné la santé de notre fils alors âgé de 4 ans à peine. La DRH des armées n'en a eu strictement rien à cirer. Bisou à elle !
C'est après de nombreuses semaines de discussions qu'on a opté pour un célibat géographique. En gros, mon mari a accepté d'être malheureux tout seul à Paris et nous de l'attendre ici pour passer des weekends de déconnexion, au calme de la campagne. Il était content de récupérer ses tongs tous les weekends et nous de na pas souffrir en ville. Comme souvent dans la vie, il n'existait pas de solution idéale, mais la balance a très légèrement penché vers cette option, pour la santé respiratoire du petit, ma santé mentale (la vie parisienne, très peu pour moi) et la vie du papa aussi car, logé sur place, il allait éviter 2h par jour dans les transports pour rejoindre un appartement de m*rde (dans nos moyens) en banlieue parisienne.
Il n'y avait pas de choix idéal, non, il n'y avait que le moins pire. J'ai décidé de ne pas reprendre un travail car je voulais être complètement disponible pour mon fils. Il n'avait plus son papa en semaine, on s'est dit que ce serait bien que j'ai du temps pour lui éviter la garderie et les centres aérés. Moi, je voulais bosser sur d'autres choses, plus personnelles, un jeu et un livre pour enfants (NDLR : aucune porte ne s'est ouverte à moi, car même quand on travaille très dur, parfois ça ne mord pas, n'en déplaise à certains, j'écrirai là-dessus un jour. La méritocratie ça ne marche pas à tous les coups). Et puis, on est rentrés dans ce rythme de force... Et là, nous vivons ces derniers mois très difficilement. Les batteries sont littéralement épuisées de mon côté. Je suis à bout...
Lorsqu'on a appris qu'on allait rester là encore 4 ans, j'ai désespérément cherché à déménager. Je passais ma journée sur les sites et le Bon coin pou rtrouver une autre location. En découvrant ce qu'on me proposait (le même genre de trucs nazes, ou des loyers pires) et surtout, les démarches à refaire pour bouger, j'ai été prise d'une énorme flemme ! Grand regret de ma part avec le recul, j'aurais du creuser, continuer à chercher ... J'en ai pris pour 4 ans de vie en lotissement. Une véritable désillusion ... j'avais grandi en lotissement, c'est fou comme dans les baskets du parent, cette expérience est complètement différente !
Je n'ai pas pris de grosse gifle d'un coup, non, j'ai pris tout un tas de petites claques dans la bouche et pourtant, j'ai lutté contre moi-même car j'ai horreur de ça, j'ai horreur des gens qui se définissent comme n'étant "pas comme les autres". C'est souvent une phrase dite par des blaireaux qui n'ont pas plus de personnalité que les autres mais qui ont la prétention de le croire. Mais tant pis, au risque de passer pour ce blaireau, il a bien fallu se rendre à l'évidence, je n'étais pas comme eux.
Je m'excuse par avance si tu vis dans ce genre d'endroit et que ça te va très bien. Désolée si tes voisins sont cool ou que tu te reconnais dans ma description.
C'est mon espace ici et je parle de ce qui me vient avec mes propres ressentis. Je n'attaque personne.
Le français trop moyen
Nous survivons dans un lotissement où les terrains sont enchevêtrés les uns sur les autres, parfois en bordure de lotissement plus anciens. Ici pas de grands terrains, on table sur du 250 m2 max et un gros bunker ou autre construit dessus. Il faut compter 30 voire 40 m2 par habitant dans les maisons, donc vraiment ce que je considère comme de très grandes maisons où chacun exprime toute l'originalité de sa personnalité en choisissant la forme architecturale qui lui ressemble (blockhaus, cube, maison tradi, style américain etc...ou truc qu'il pense super original). Enfin, à en voir les annonces sur le Boncoin, ce n'est pas si original que ça. Ce genre de lotissements poussent comme des champignons partout par chez nous.
Autour de moi, il y a une majorité de français moyens, oui c'est une expression affreuse. J'ai créé cette petite composition pour décrire au mieux ce qu'est selon moi un français moyen.
Oui, on n'a pas envie de s'y reconnaitre. C'est pourtant le mode de vie d'une large majorité de français. Et ce n'est pas évident de ne pas se sentir enfermé dans le concept. Comme toute catégorie de moquerie, elle est exagérée, pleine de raccourcis et d'affreux préjugés. Oui, je suis vilaine, mais avouez-le, vous connaissez ces gens, c'est peut-être vous ? Même moi je peux m'y reconnaître, regardez la photo, on voit un olivier planté dans des cailloux blancs, car le français moyen en lotissement plante des oliviers dans des cailloux blancs et j'avoue, erreur de débutante, moi, j'ai planté de la lavande dedans ! Quelle idiotie ! Il fallait bien cacher le tas de remblais laissé par les proprio. Sinon, l'habitant de lotissement plante des haies en plastique ou des arbustes qui n'ont rien de local, car la biodiversité, il s'en tape. Palmiers, laurier rose dans le nord, bananiers, dattiers ... ça n'a pas de sens ? Pas grave, pour le français moyen, il y en a un.
On est nombreux à avoir des caractéristiques du français moyen en nous, je dis juste que le mieux ça serait quand même d'éviter de tout cumuler.
Concept triste de réalisme
Dans cette exagération humoristique, il y a quand même une grosse part de réalisme. On pourrait s'interroger sur ce qu'on pourrait faire pour ne pas être ce français moyen mais c'est difficile... Que faudrait-il faire pour ne pas rentrer dans la catégorie ? Fuir le pays ? Boycotter les fast-food ? Ne jamais accéder à la propriété pour ne jamais finir dans ce genre de quartier ? Vivre sa vie de rêve de nomade digital en Argentine ? Ou juste lire des livres ?
Dans mon quartier, il y a des exceptions ou des gens qui s'éloignent de quelques clichés (une ou deux voisines), mais bon, globalement, le français moyen ressemble aux autres français moyens. Il vit une vie qui ne m'intéresse pas, il a des centres d'intérêt que je n'ai pas, il ne mange même pas comme moi, il ne roule pas comme moi... Quand je les regarde vivre, j'ai la sensation que mes voisins vivent leur vie comme un aboutissement (ça rime avec lotissement, ce serait donc un abouti-lotissement ? Je vous ai déjà parlé de mon problèlme d'humour pourri ?), en dépit de tout ce qu'il y a à apprendre encore, à repenser, à réécrire, à préserver, à vivre. Ils vivent comme ça, en lot, sur 4 hectares, des familles qui se ressemblent, difficiles à distinguer les unes des autres, avec un peu les mêmes goûts, les mêmes préoccupations, les mêmes loisirs, on dirait qu'ils ont tous la même vie. Le Truman Show ça existe.
J'avoue, au début, j'ai cru qu'on allait se trouver des points communs avec certains, j'ai réellement cherché. Je pense être passée à côté d'une personne mais je n'en suis même pas sûre, (c'était un prof, ces gens se plaignent de ne pas être compris, mais font parfois tout pour et ils chouinent vraiment beaucoup). On n'a pas su lier quelque chose elle et moi, comme je dis depuis toujours, sans doute parce qu'à trop se ressembler on finit par se repousser. Le fait est que c'est moi qui ai sans cesse essayer de remettre une pièce dans ma machine, mais il n'y a eu que très peu de retour. J'ai fini pas regarder ailleurs.
Les nuisances : les bruits et les odeurs
Vivre au milieu des bruits de leur vie, les voir exister, avec leurs habitudes, ça m'a valu une grosse remise en question sur qui je suis et ce qui est important pour moi. Dans ces nouveaux lotissements, chacun (et c'est vraiment un choix presque unanime) sépare son terrain de ses voisins (qu'il aura nombreux) par des claustras en plastique, ou des grillages rigides où on glisse des lames à moitié brise-vue, une par une. C'est plus rapide que de faire pousser une haie. Quand je dis "à moitié" brise-vue c'est parce que malgré tous leurs efforts, il restent quand même à 10 m grand max de la terrasse des autres quand ils font leur barbecue.
Les brises-vues ne sont pas brise-son, ni brise-odeur et je peux vous dire, qu'il faudra beaucoup aimer la merguez et ses voisins immédiats, parce que vous vivrez en colocation. Vous allez entendre leurs pets (s'ils sont du genre décomplexés), leurs disputes, vous allez connaitre leur émission préférée (téléréalité ou programmes de divertissement présenté par Nagui ou Hanouna).
Vous allez les entendre bricoler, discuter et vous allez découvrir l'étendue du gouffre qui les constitue. Vous les entendrez gueuler, rire grossièrement, parler fort au téléphone avec leur mère, s'extasier devant les 3 minis tomates cerises qu'ils ont réussi à obtenir sans rien foutre (alors qu'avec un peu de connaissances, ils en auraient 5 kg), raconter leur vie à leurs potes qui rêvent d'avoir une maison comme la leur. Ils les inviteront le samedi pour une orgie de mauvaise viande qui parfumera tout le quartier, car ils ne savent pas faire un feu, il le démarre à l'alcool. Ils finiront aussi imbibés que le charbon. Ils recevront des membres de la famille, à tour de rôle, ou en même temps et ça donne des moments que je trouve assez étranges, où les conversations s'entrecroisent et les voix les plus fortes remportent la victoire de la nuisance. Il y aura à CHAQUE FOIS une femme avec un rire de dinde. L'effet de groupe ou quoi, je ne sais pas, mais ça ricane toujours de manière assez hystérique et le niveau sonore va en augmentant au fil de la soirée.
Les années passent et quelques uns vendent en faisant des plus-values abominables... On se demande qui pourra (mais surtout, qui voudrait...) bien racheter ces habitations mais ça part comme des petits pains, ça se bouscule et plus les années passent plus les exigences des organismes bancaires doivent être relatives. Les nouveaux venus sont pires que les précédents : plus bruyants, d'un niveau culturel apparemment de plus en plus bas. Musique à fond, moto qui tourne à vide dans le garage, nettoyage des poussières de l'étable au compresseur de manière complètement inopétrante,... j'en ai vus de beaux épisodes.
Chacun fait fait fait, c'qui lui plaît plaît plaît !
Dans ces lotissements, il existe des règles comme partout ailleurs. On a des règles pour la vie de tous les jours, des règles tacites, mais aussi des heures "légales" pour tondre, pour les nuisances sonores, il faut demander l'avis et l'autorisation pour faire un enduit si votre mur est adossé à celui du voisin ou consentir à leur choix douteux. Il faut faire pousser des végétaux qui ne dépassent pas dans le jardin des autres etc... pendant la COVID, on était aussi en confinement, si si, on avait les mêmes mesures restrictives pour les déplacements que partout ailleurs en France. On avait pas le droit de recevoir ou de faire des fêtes. Mais tout ça, les règles de la vie normale, et les règles de la vie anormale qu'on a depuis mars 2020, tout ça, TOUT LE MONDE (ou presque) n'en a JAMAIS EU STRICTEMENT RIEN à CIRER ! Tout le monde a fait ce qu'il voulait, quand il voulait. Il n'y a jamais eu autant d'invités qui remplissaient les parkings que pendant les weekends de confinement. La COVID a réconcilié les familles et les voisins qui se méprisent... En 2019, tout le monde se faisait chier aux repas de famille, mais en 2020, tout le monde voulait se voir tous les jours.
L'arrêté préfectoral qui régit les heures pour les travaux et les pelouses, je pense qu'on était 3 à le respecter. Ce que je fais sans mal me direz-vous, car je supporte que le gazon ne soit pas tondu comme celui d'un golf 18 trous, afin que la biodiversité ait un répit entre deux abatages. Les gens ici ne sont pas vegan, c'est clair, ils n'ont pas la passion du végétal, c'est certain. Quand le département est en restriction d'eau, je dois être la seule à le savoir car ça n'empêche pas les gens de laver la BM ou le SUV au nettoyeur haute-pression devant le garage. Les chats sont livrés à eux-mêmes toute l'année et garnissent les jardins des voisins (sans chat eux) de leurs excréments.
Ma maison apparait (aux yeux de ceux qui m'ont donné leur avis que je n'avais pas demandé) comme celle "au pire emplacement". C'est ce qu'on m'a répété et peut-être que c'est vrai car je l'ai détesté dès que je l'ai vue. Non pas que le style soit particulièrement affreux, mais il n'y a aucun aménagement extérieur donc aucune intimité. La terrasse donne sur un parking et des façades sans fenêtre de logements sociaux. Des garages et des portes d'entrée. A priori pas de réel vis-à-vis oui, mais ça fait "grand ouvert" quand même, elle a un coté "sur estrade". Les propriétaires à qui je loue n'ont pas vécu longtemps dans les murs, ils n'en ont eu rien à faire de poser une clôture. Mais si je réfléchis bien, je n'ai quand même pas ma terrasse en face de celle de mes voisins. Je ne profite pas vraiment de mon jardin c'est vrai, on voit à travers un grillage. Je ne vais pas leur offrir les travaux donc je le supporte (je sais que je vais partir moi). J'ai simplement aménagé un contour de terrasse en toile qui brise, pour le coup, complètement la vue, quand je veux en profiter. J'ai aussi installé quelques plantes pour attirer les abeilles et un coin potager (où je récolte de vrais bons kilos de tomates).
Après toutes ces descriptions ... que je pourrais continuer des heures, j'ai plutôt envie de raconter ce que cette vie en lotissement a eu comme effet sur moi. Car la vérité c'est que c'est l'enfer ! Et surtout, j'en ai encore pour à peu près un an, en espérant qu'on ait la chance de pouvoir partir avant juillet l'année prochaine.
Les rapports sociaux
Il faut dire que je suis vraiment arrivée comme une "bonne fille bien brave", avec mes illusions, mes rêves de solidarité, d'entraide et de partage. Je me suis inscrite sur un site de voisins pour prêter mes outils, arroser les jardins, dépanner ... Je suis allée à la fête des voisins comme un petit poussin, je me voyais déjà organiser la prochaine, amener les gamins en forêt, garder les uns et les autres ... et puis, gérer le pédibus pour aller à l'école, parce que c'était une souffrance écologique pour moi de voir ces gens conduire leurs enfants à l'école en voiture alors qu'on vit TOUS à environ 600 mètres du portail. Je croyais qu'on allait s'échanger des services, j'ai prêté ce qu'on m'a demandé, je pensais que je pourrais arroser leurs jardins pendant leurs vacances et qu'ils s'occuperaient du mien sur mes 12 jours d'absence. J'ai vite compris que ça n'allait pas le faire. Je croyais que rentrer les poubelles qui trainaient pendant l'été, ça me vaudrait qu'on ramène la mienne... Putine, mais non ! Folle va !
La base, c'était le bonjour. Mais déjà là, direct, ça a été un gros problème. Pour eux. Au début, je me vexais, je comprenais pas, je pensais que j'avais fait un truc de mal ... je peux vous dire qu'à force de les voir se tordre le cou pour éviter de me saluer, puis me re-saluer comme si de rien n'était la semaine suivante, moi j'ai failli devenir zinzin. J'ai cru qu'ils n'avaient pas de vision périphérique, ou un problème aux cervicales. Mais j'étais très enthousiaste. J'ai insisté, parce que j'ai appris qu'on allait être bloqués là pendant 4 ans encore, je me suis dit "Toi, toute seule avec le petit, il te faudra un réseau". J'étais la seule gogole avec un sourire au portail de l'école chaque matin. J'ai fait des travaux de couture gratos pour la maitresse, ma voisine (et pas que ça). J'ai toujours salué gentiment et naturellement. J'ai bien compris que parfois les gens sont mal lunés et snobent les bonjour, mais bon, on a tous 25 ans passés, voire bien tassés, on a plus l'âge de se comporter comme des petits grognons cyclothymiques.
Progressivement, j'ai ravalé ma gentillesse parce que j'ai ressenti toute la limite d'un désir à sens unique. Oui, ça fait gros mot, mais c'était un désir que j'avais et que j'ai dû ravalé. J'ai compris que là, au milieu d'eux, il n'y avait pas de place. Déjà, parce que j'avais du temps quand les gens n'en avaient pas (moi, toutes mes soirées, je suis seule avec mon enfant, mais la journée, je suis libre), et parce que je dois l'admettre, je n'avais vraiment pas grand chose à partager avec tous ces gens.
Toujours progressivement, (2 ans j'ai mis) j'ai arrêté de prendre les colis du voisin qui n'était jamais là (je vous dis pourquoi de suite), j'ai arrêté de chercher les regards pour valider si on pouvait dire bonjour ou pas, j'ai arrêté de leur prendre leur température tous les jours. Et au final, 4 ans plus tard, j'ai arrêté de parler avec la plupart d'entre eux. J'ai eu un déclic un jour, un vrai : j'ai retrouvé mes pneus avec des clous dedans exactement deux semaines après avoir demandé gentiment à un voisin (celui pour qui je prenais les colis) s'il pouvait reprendre la scie circulaire le lendemain matin (il était 21h30 et y'avait école le lendemain pour son fils et le mien). J'avais vraiment été le demander avec un vrai sourire, sans agressivité, en prenant soin de choisir chacun de mes mots. Paf, deux pneus crevés à 15 jours d'intervalle, avec les mêmes clous épais, tapés au marteau (dixit le garagiste qui a bien dit que le gars avait dû insisté pour que ça rentre). Des clous de charpentier, le voisin travaillait sur les toits.
Il ne s'est pas arrêté là ce crétin, il est allé raconter des trucs aux deux martiens d'à côté qui nous ont sauté dessus un dimanche. Deuxième déclic : ici, la parole d'un alcoolique, propriétaire aussi, vaut plus que celle du locataire honnête. C'est avec amertume qu'aujourd'hui, je repense à mon attitude ce jour là, spontanément je n'ai pas envoyé le gros beauf "du 93" (comme il l'a dit lui-même) sur les roses. Je suis une dame polie, bien élevée. Je trouvais sincèrement dommage qu'ils croient des rumeurs, je voulais arrondir les angles et je me suis montrée très respectueuse, désireuse de rétablir le dialogue, de calmer la tension avec humour. C'était une erreur que je ne ferai plus. Ne jamais montrer votre intelligence à un débile, ça l'excite.
Le français moyen et ses préoccupations
Une chose est apparue clairement au fil des jours : finalement, je ne ratais vraiment rien. Tout ce que j'ai entendu de leurs bouches n'était jamais bien intéressant. J'ai toujours et assez rapidement senti un décalage culturel énorme. Le décalage culturel, c'est quelque chose que je connais bien. Je sais que je suis une personne exigeante, mais quand même, je sais m'adapter. Et là, j'ai ressenti toute la limite entre l'adaptation et se renier soi-même. J'ai beau avoir des centres d'intérêt pas faciles à partager, je suis toujours ouverte, tolérante (j'en reparlerai) et surtout, j'adore juste plaisanter. Cela fait de moi, je pense, quelqu'un d'accessible. J'adore vraiment faire rire les autres.
Mais voilà, c'est vrai, je ne peux pas vous parler de l'actu télé, non je ne regarde pas les émissions de divertissements, je ne rêve pas de chanter avec Nagui, mon fils ne suit pas les émissions non plus, non à 19h il ne sort plus pour jouer dans la rue, il est douché et on va pas tarder à manger. Je n'ai pas Instagram et Facebook, j'y tiens quelques mois. Non je n'apprécie pas la littérature cheap pour femmes chaudes, non je ne passe pas le samedi dans les magasins, non je ne fais pas vivre une course sans fin à mon enfant tous les mercredis (les autres jours non plus, c'est un choix de vie, j'ai le droit), non je ne me fais pas les ongles et j'entretiens moi-même mes cheveux, non je fais pas de yoga, non je ne lis pas Biba, non je suis désolée, je fais d'autres choses. Beaucoup trouveront ça chiant, mais comme dire ... on est toujours le chiant de quelqu'un non ?
Je ne suis pas passionnée par la zumba ou le make-up, les émissions où les gens se notent, les loisirs pour femmes, les pseudosciences, les croyances ésotériques et leur choix en matière de déco. Ils n'en finissent pas de faire des travaux dans leurs maisons, c'est interminable et forcément, moi, parler du choix de la faïence de la salle de bain, j'en ai rien à cirer (globalement, vous commencez à comprendre l'idée...). Ensuite, il faut les écouter commenter le choix des appliques murales extérieures et de la couleur des façades des maisons de leurs voisins. Souvent j'ai eu l'impression que le sujet principal de leurs préoccupations, étaient les critiques. Comme j'étais locataire, j'ai l'impression que j'ai recueilli beaucoup plus de confessions des uns et des autres. C'est quelque chose qui ne m'intéresse pas, ça me gêne beaucoup de parler des gens avec d'autres gens ...
Quand ce n'était pas des critiques sur les autres, c'était des réflexions ou avis sur moi et ma vie. Je me suis pris un nombre incalculable de réflexions sur "ma maison" (maison que je loue, donc je n'ai rien décidé), son emplacement, etc. Quand j'ai reçu chez moi, deux gros problèmes attiraient l'attention : la petitesse de la maison et la propreté ambiante, ... excusez-moi de ne pas être débordée par l'intendance, je suis mère au foyer, c'est un luxe que j'ai, le temps. Dans 66 m2, je suis désolée, je ne peux pas laisser du bordel sinon je ne peux plus me déplacer normalement ! Ce n'est pas ma propreté qui les gênait je pense, mais leur bordel, chez elles. Les gens sales c'est un peu comme les cancres, on croit que c'est eux qu'on martyrise, mais non, c'est le premier de la classe et les gens organisés qui se font emmerder.
On m'a dit 10 fois "Moi à ta place je pourrais pas..." vivre dans si petit, seule avec mon mari à Paris, ne pas travailler, supporter les missions, n'avoir qu'un seul enfant, vivre dans ce type de maison, ne pas avoir ma famille proche" ... jamais je n'ai osé dire que moi non plus je ne voudrais pas vivre dans plus de 200 m2 sur un terrain de 250, je ne pourrais pas faire leur boulot -rarement passionnant-, je ne voudrais vivre dans leur tête, réfléchir comme elles, être aussi critique gratuitement et frontalement. Moi aussi je pense des choses, mais j'utilise un filtre, tout ce que je pense ne sort pas de ma bouche comme vérité et enseignement. Je suis mesurée et je réserve mes jugements. Moi non plus, je ne pourrais pas vivre leur vie dans leur quartier toute ma vie et parfois même, être mariée à des hommes aussi ennuyeux. J'aurais pu leur répondre, les humilier, mais non. Quel intêret cela aurait t-il eu de rentrer en conflit ouvert ? Je prefère tourner les talons.
L'enfer, c'est le jugement des autres
J'ai essayé un temps d'élargir mon horizon en approchant des "mamans d'école". C'est une espèce a priori sauvage et difficilement accessible, ce qui m'a aidé c'est ma disponibilité, mes initiatives (Fun fact ou tip pour te faire une copine : c'est assez rare qu'une maman d'école refuse que vous lui preniez son enfant un après-midi) et mon enthousiasme, toujours. J'avais de l'énergie pour deux, mais assez vite j'ai compris qu'elles avaient un répertoire d'amis déjà bien rempli et qu'hormis me prêter leur enfant comme une grâce, elles ne m'autoriseraient pas à devenir leur copine. Je vous passe le récit des mois à accompagner l'une d'elle en profonde dépression, qui une fois qu'elle allait mieux, a perdu mon numéro. Celle qui faisait des trucs new-age du type "stage de méditation avec un gourou" et qui se sentait supérieure en raison de sa grande "ouverture spirituelle". De longues heures d'écoute, beaucoup de bonne volonté de ma part mais le même constat chaque fois : non, c'est pas encore ça.
Je n'ai jamais cherché à démonter toutes leurs croyances sur les enfants uniques (il y en a d'énormes ! c'est incroyable !) et la femme au foyer (c'est pire), parce que j'en ai rien à faire de leur avis, enfin j'essaye .... Elles m'ont blessé plus d'une fois. J'ai ressenti profondément tout le mal être que mes choix et ma façon de vivre leur renvoie mais ce n'est pas mon problème. Ma journée fait 24h comme la leur et c'est tout juste assez pour éduquer un enfant comme le mien, lui consacrer réellement du temps de qualité, il n'est pas moins sociable que leur fratrie qui s'arrache la gueule à longueur de journée. Faire semblant d'aimer mon travail et croire qu'il a un sens ou qu'il me donne ma valeur, c'est pas mon truc. Je fais partie de celle qui font des choses qui ne rapportent pas toujours de l'argent (comme le podcast). Et surtout, j'ai pas réalisé un rêve en venant ici. Combien de fois j'ai eu envie de répondre : Contrairement à vous, moi je n'ai pas acheté ici, cette maison et tout ce qu'il y a autour, je m'en fous, nous, on partira. C'est pas moi qui ai signé un crédit pour vivre dans votre quartier de French-dreamer, c'est vous ! Vous, votre terrasse en face de celle de ce voisin que vous haïssez (vous me l'avez confié), avec sa fenêtre qu'il a creusé et qui ne vous plait pas, vous allez la supporter peut-être toute votre vie, avec le prêt à la banque qui va avec. Vous avez choisi, emprunté et signé pour vivre là ! Pas nous ! Et on ne le fera jamais.
En écrivant tout ça, une partie de moi culpabilise, en m'énervant comme ça, je ne me respecte pas. Je fais comme eux, j'ai été jugée et je juge à mon tour. C'est ce qu'on appelle un cercle vicieux et oui, je tombe dedans. Je pense que c'est humain. Je n'ai jamais osé rien répondre à la sorcière qui m'a humilié sur "mon chômage" et mon "fils unique", ni aux autres. Je m'écorche la lèvre, parce que ça me fait mal de dire quelque chose de méchant, je n'aime pas ça. Vous aurez du mal à me croire après avoir lu ça, mais c'est de l'amertume ce que je dis, je suis déçue. Je les juge gratuitement. J'ai encaissé sans jamais rendre la monnaie. J'ai écouté chaque remarque et j'ai ravalé ma salive.
Je dois le dire, c'est un truc que je déteste dans la vie. Tous les gens qui me connaissent m'ont déjà entendu en parler, parce que c'est quelque chose que je déteste profondément : J'ai horreur que le comportement d'une personne, me force, en réaction, à adapter le mien d'une façon qui ne me ressemble pas. Je déteste que les gens aient une influence négative sur mon tempérament de base. Le jugement, spontanément je le modère car je trouve toujours des excuses aux autres. Mais après 4 ans à en prendre plein les dents, j'aimerais beaucoup être le dalaï-lama, que rien ne me touche, mais la vérité c'est qu'à force de recevoir la bave du crapaud, la colombe, elle a les ailes dégueulasses et elle en a ras le bol ! J'aurais pu leur cracher dessus moi aussi, je me contente de cet article de blog perdu dans les limbes d'internet. C'est une règle que j'essaye de respecter dans la vie, je sais bien qu'on juge tous à un moment ou à un autre, la moindre des choses c'est que ça ne vienne pas aux oreilles de l'intéressé.
Les gens cons vous rendent cons, ils déteignent
C'est important pour moi de rester fidèle à moi-même, mais à un moment, je suis humaine. Donc, aujourd'hui, je le dis, j'ai baissé les bras parce que tout ça m'a miné au point de douter de moi, de me maltraiter. Là, ça fait 4 ans que je me fais du mal parce que je vis dans cet endroit, je ne vous raconte pas dans quel état je suis ... Quand je vois que j'étais toujours celle qui souriait, celle partante pour tout, celle qui proposait, celle qui dépannait, qui gardait les enfants, celle qui écoutait les jugements sans broncher, celle qui se prenait des réflexions du type "les gens se disent qu'ils sont mieux que quelqu'un qui ne travaille pas, comme toi", "Quand je veux prouver à Killian qu'il a une vie extraordinaire, je lui parle de ton fils. Je lui dis : Tu imagines X comme il est tout seul, tout le temps. Il n'a pas ta chance, ses parents lui ont pas fait des frères et soeurs comme nous". J'ai souri, j'ai pas relevé. J'ai toujours un fond d'empathie pour les gens, surtout face à la bêtise, parce que je n'arrive pas à leur en vouloir, je me dis que sûrement il leur manque quelque chose pour être bons, peut-être de l'amour, des raisons de changer, ou un brin d'intelligence. C'est insupportable pourtant de se voir juger par des gens qui n'ont aucune culture (c'était le cas de cette personne), qui ne réfléchissent pas, ne se questionnent jamais.
Est-ce que je suis condamnée (avec mon adorable mari) à être celle qui se tapera l'après midi de surveillance des gamins du quartier alors que tout le monde s'en tape ? Peut-être. Peut-être aussi que ça me fait plaisir d'avoir ces gamins chez moi, qu'ils se sentent accueillis ici. Serais-je toujours celle qui roulera sous la limitation de vitesse pour ne tuer personne ? Oui. Celle qui donnera (les vêtements quasi neufs, les jouets ...), non, fini, ça j'arrête. Celle qui répondra présente en cas de pépin ? Oui, sûrement. Celle qu'on n'entend pas, celle qui dégage les détritus et les gros cailloux de la route, celle qui quitte son potager pour ne pas déranger, celle qui dit "chut" à son garçon, celle qui s'efface : Certainement oui.
En 4 ans, je suis devenue un genre de MUR ! Je suis rentrée dans leur jeu pour ne pas dire bonjour. Voilà, ça me dégoute de moi-même d'avoir perdu ma spontanéité mais je ne peux plus, je ne pouvais plus continuer. La conclusion de cette expérience, je la connais déjà, mais il me reste encore quelques mois à vivre ici.
Écrire cet article a été l'occasion d'une véritable remise en question. En listant ainsi tout ce qui m'avait touché et manqué, je me suis rendue compte des attentes que j'ai eues vis-à-vis de cette vie en communauté. Oui, j'appelle ça une communauté, car pour moi, ce mot à un sens et honnêtement en arrivant dans ce quartier, j'ai cru que c'est là que j'arrivais, dans une communauté. J'avais des attentes et c'était une erreur et elles étaient sans doute bien trop grandes, j'ai pris une claque à la mesure de ces attentes. Au fond, vivre au milieu de ces gens, ça m'a rappelé l'isolement intérieur que j'ai toujours connu. Je peine depuis petite à me trouver bien au milieu des autres, il y en a bien quelques uns, mais ils sont rares. Avant, je faisais beaucoup d'efforts, mais on dirait qu'en vieillissant j'ai de moins en moins envie.
Le bilan est donc double et c'est celui là : je ne suis pas faite pour vivre ici, comme ça, mais j'ai vraiment besoin de plus de vraie nature et de gens avec plus d'humanité. Je n'ai pas le même rythme, pas les mêmes centres d"intérêt, pas la même culture et pas les mêmes préoccupations. J'ai besoin de vivre plus dehors, d'un espace assez grand pour nous et pour quelques bêtes, d'un espace véritablement intime, d'un écrin (spoiler : 2 ans plus tard, je l'ai trouvé), et d'humains, de gens qui fassent gaffe aux autres, de voisins qui se seraient dit qu'une femme seule avec son fils en semaine, elle avait peut-être besoin de contacts sociaux. Des gens qui remarquent mes efforts, ma bonne volonté. J'ai envie de gens qui veulent faire "société", de gens pour qui ce mot à un sens.
Mon rêve ne consiste pas à vivre hors-sol dans une baraque à crédit et sans conscience ni respect du monde et des autres. J'ai essayé mais je ne sais pas. Je ne rêve pas de piscine et encore moins de climatisation. Quand je pense barbecue, je pense à trop de viande mal cuite. Je n'ai aucun amour pour le plastique et je continuerai à ramasser les déchets que je trouve partout car je veux ma planète propre. Je n'ai aucune passion pour les chipolatas, l'alcool, la télé et les potins de voisinage. J'aimerais qu'on ne se compare pas à moi. Moi j'aime la nature, le calme, bricoler avec les doigts, des trucs pas bruyants, faire mon potager, les plantes, les insectes, la photo, la forêt, marcher, et apprendre (et ça a l'air d'un mot innocent comme ça, mais ça m'occupe énormément). J'ai mes défauts mais je ne ramène pas non plus ma science constamment, j'aime écouter, j'aime rire et j'aime être là pour les autres. Si je sais faire quelque chose, je veux bien aider ou rendre service. J'ai des envies d'espace et de nature, je n'ai pas envie de bétonner mon allée, ni de tondre de la pelouse stérile pendant 30 ans. On ricane parce que je désherbe à la main, ... ben oui, je préfère ça aux produits chimiques. Je rêve de gens qui me ressemblent, je rêve ? Où êtes-vous ?
Je vais reprendre ma route un jour. Partir de ce quartier. Je garde pour cet ailleurs mes désirs de communauté bienveillante et de partage. J'espère trouver des gens comme nous, et peut-être, une voisine comme moi, discrète qui ne vivra pas sous mes fenêtres et sera juste d'humeur égale, qui ne me collera pas d'étiquette et se sentira concernée par notre environnement, les nuisances et la biodiversité. On s'échangera des plantes en trop, je lui ferai des cadeaux sans qu'elle s'imagine que je l'achète. Je rêve de troc, de politesse essentielle et de soutien non invasif.
Je compte les mois qui me séparent de mon évasion.
Il me faut me fixer un objectif d'ici là. Retrouver une bonne santé, ça serait pas mal déjà.
(Nous avons heureusement quitté l'enfer pour le paradis début 2022. Nous n'avons toujours pas de super voisins, mais au moins, ils sont tenus à distance par notre très grand terrain)
chronique humeur humour absence relations
Commentaires
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- 1. Nadine Le 02/09/2024
Merci pour votre article. Je me sens moins seule. Ici, même descriptif que vous mais même mes enfants (qui n'habitent plus ici) et mon mari trouvent que je ne supporte rien et je n'ai pas le droit de me plaindre. Je le fais quand même et ça les rase ! Il ne me trouve pas cool.
J'ai l'occasion pour des raisons familiales de résider régulièrement à la campagne mais même là le hara d' à côté loue son site de mai à octobre tous les week-ends du vendredi au dimanche après-midi pour des fêtes, enterrement de vie de garçon, week-end d' intégration etc.. C'est l' enfer !
C'est vrai que je ne suis plus du tout cool, je suis à l'affût de tout ce qui pourrait me déranger, les autres m'insupportent et ça devient pathologique.
Bon. A côté de cela mon cerveau est toujours en ébullition pour relativiser, ça lui fait faire une gymnastique permanente !
Merci encore et bien à vous.-
- lareflexiothecaireLe 11/09/2024
C'est terrible d'être une personne discrète et calme de nos jours, où il semble que se rendre omniprésent et audible de tous soit une nouvelle façon de vivre
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- 3. ixo Le 24/05/2024
Bonjour,
Quelle absurdité ces lotissements... Une invention infernale de la société de consommation ! Oui, les voisins, sont, étaient et seront toujours des ennemis et il est nécessaire soit de s'en protéger ou soit d'envisager avec eux un projet culturel et créatif ... Mais dans un tel contexte, dans un lieu sans histoire, grande ou petite, sans passé, ni avenir, sans enracinement, dans religion, sans rite, sans travail (le travail est ailleurs), donc en soi non créatif -et donc, ben oui, absurde-, il n'y a plus rien d'autre à faire que de terrer ou se "crêper le chignon" ... Une cité de la Courneuve (le carré de pelouse en moins) est certainement plus humain et fabrique de société. A la Courneuve, on ne fête pas son arrivée, on y démarre, et on en repart (parfois seulement mentalement) vers un ailleurs. Ici, point d'arrivistes qui ont décroché la lune... Ou croit l'avoir décrochée.. L'enfer, c'est l'ennui ... -
- 4. lenormand Le 07/02/2024
Bonjour,
J'ai lu et j'ai ri, sincèrement mais un peu jaune aussi. Ce que vous racontez est la souffrance de quelqu'un de manifestement intéressant et de désabusé face à l'être humain.
Je rêve de quitter un lotissement aussi, de m'éloigner de ces gens qui ne m'intéresse pas.
S'ouvrir, c'est souffrir.
Heureux en tout cas que vous ayez trouvé un cadre de vie plus agréable, je m'en souhaite tout autant.
Amicalement.-
- lareflexiothecaireLe 13/02/2024
Merci de m'avoir laissé un mot. Ça me touche beaucoup, vous m'avez bien cerné ;) Bon courage
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- 5. kevin Le 17/06/2023
Merci pour votre témoignage ! Quel bouffée d'air frais, je suis moi-même en lotissement (avec un beau terrain de 1000m carré, bien arboré) et je vis le même enfer.
Je me suis beaucoup identifié a ce que vous décrivez, de mon côté c'est également les barbecues chez les uns ou autres trois soirs par semaines voir plus en été, avec les rires de pintade, la voisine hystérique et son meilleur copain/voisin paranoïaque.
Le bricolage ça s'est calmé suite à promesse d'appeler la police chaque fois que les horaires ne seraient pas respectées, mais c'était disqueuse tous les dimanches après midi par un temps.
Bref vous voyez le tableau.
Même après avoir cherché à résoudre les différents avec énormément de tact (et je suis formé en communication) on se heurte à la bêtise humaine.
Je cherche moi aussi mon écrin de bonheur, un bout de nature ou je pourrai faire grandir mes 2 garçons a proximité des animaux, des plantes, bref... De la vie.
Votre témoignage me réconforte car j'en était venu a me dire que je n'étais pas normal. Ma conjointe me dit de les ignorer (les voisins), mais vraiment cela m'est impossible ils s'imposent a moi, brutalisent ma tranquilité avec leurs grillades et leurs discussions "bas de gamme" jusqu'a 2h du matin, car oui en lotissement on entend tout ! Et avec les chaleurs, les fenêtres ouvertes sont la seule possibilité de se rafraîchir.
J'ai baissé les bras l'année dernière, été 2022 - 3 mois de soleil non stop, 3 mois a supporter cet environnement. Je ne suis pas fait pour une vie comme celle-là, je suis trop en décalage avec le français moyen.
La décision est prise de finir par quitter ce bourbier (a la grande déception de ma femme qui y est très attachée). Cette maison on l'adore, nos deux enfants y ont vu le jour, on a dispersé les cendres de notre première chienne au pied de l'arbre ou elle allait toujours s'allonger.
Mais trop c'est trop. Et mes deux enfants méritent de retrouver un papa enthousiaste, qui aime la vie. Ils méritent d'apprendre à apprécier la beauté de la nature, et plus basiquement ne serais-ce que pouvoir manger sur la terrasse les soirs d'été. D'arrêter de fuir chez les grands-parents (à la campagne) tous les week-ends.
En tout cas merci encore pour cet article.-
- lareflexiothecaireLe 25/06/2023
Tout mon soutien à vous ! Je sais qu'après m'avoir lue, ça peut paraitre étrange et hypocrite, mais essayez de ne pas trop vous ronger avec ça, cherchez une solution et essayez de vous trouver quelque chose de plus confortable, mais gardez votre sourire. C'est très dur de ne pas tomber dans ce piège de négativité, j'ai reçu beaucoup de critiques et de méchancetés dans mon quartier, mais je sais que ça n'est pas pareil partout, il y a des gens qui s'y sentent très bien. Là ou je vis aujourd'hui, j'ai des voisins, mais ils sont plus éloignés, donc je ne peux pas percevoir leur discussions et c'est un véritable soulagement, mais ce sont des voisins comme les autres, qui parlent fort, reçoivent beaucoup plus que moi, tondent leur terrain (pourtant 3 fois plus petit que le mien) pendant des heures, tout ça pour dire que la situation idéale n'existe pas ... sauf à des centaines de milliers d'euros. J'ai heureusement un environnement plus large, mon terrain est un écrin de verdure plutôt grand et me laisse la possibilité d'une intimité visuelle salvatrice. Courage !
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